Les troubles des conduites alimentaires (TCA) concernent près d’un million de personnes en France. Plus de la moitié d’entre elles ne sont pas dépistées et n’accèdent pas encore aux soins. A l’occasion de la 6e Journée internationale des TCA, le mercredi 02 juin, les équipes, pédopsychiatres et pédiatres, de l’hôpital universitaire pédiatrique Lenval alertent les professionnels et les familles.
En 2019, à Lenval : 289 patients ont suivi au moins une consultation pour des troubles du comportement alimentaire dont 42.21% avaient moins de 15 ans et 67.65% étaient des filles.
La prise en soin à Lenval
Le service (SUPEA*) a développé une expertise sur le diagnostic et la prise en charge de l’anorexie, la boulimie et les troubles d’alimentation sélective et/ou d’évitement.
Aujourd’hui des parcours de soins personnalisés aux patients et à leurs familles sont proposés.
« Progressivement, nous avons augmenté la capacité de soins ambulatoires pour qu’ils deviennent plus fréquents et plus précoces afin de diminuer les soins en hospitalisation à temps plein en fréquence et en durée. Cette prise en charge diversifiée et multidisciplinaire permet de proposer une véritable alternative à l’hospitalisation. Elle favorise l’alliance thérapeutique et de ce fait une continuité du soin sur plusieurs mois jusqu’à l’obtention de critères d’amélioration stables. Elle facilite les soins lors des rechutes. » indique le Dr Emmanuelle DOR.
Les prises en charge se veulent hyperspécialisées, innovantes et multidisciplinaires : pédopsychiatres, pédiatres, diététiciennes, médecin nutritionniste, psychologues, psychomotricienne, danse thérapeute… Elles visent à travailler la reprise alimentaire, les relations au corps, aux pairs, aux adultes, aux parents, à la scolarité, à l’orientation…
« Il s’agit de soins individuels ou de groupe, sous forme d’ateliers thérapeutiques olfactifs, gustatifs, créatifs (art-thérapie), corporels (relaxation, psychomotricité), de repas thérapeutiques, de cuisine créative, de groupe de parole. Ces soins sont proposés aux patient(e)s.
Dans ce dispositif, les parents sont accompagnés par des consultations parents, un groupe de parole et un groupe dédié aux mamans avec antécédents personnels de TCA » précise l’équipe.
Les signes d’alerte
Chez les adolescents, une perte de poids de 10% ou plus, des variations brutales de poids et de comportement, une aménorrhée, une préoccupation excessive autour de l’image du corps, de l’alimentation et de la diététique, ainsi qu’une mauvaise estime de soi, doivent être considérés comme des signes d’appel d’un comportement anorexique ou boulimique.
D’autres signes comme les vomissements, le suivi « à la lettre » de régimes avec une perte de poids significative, une activité physique intense, témoignent d’un trouble alimentaire qui s’installe…
Une « perte de l’appétit » se traduit par une lutte active contre la faim et un évitement de tous « les aliments qui font grossir », fréquemment associée à d’autres manifestations qui ont toutes pour but de perdre du poids (hyperactivité physique, vomissements provoqués, utilisation de médicaments, etc…)
Une perturbation de l’image corporelle, dans laquelle la personne ne perçoit plus sa propre maigreur, associée à une obsession du poids et une peur panique de grossir.
Une consultation médicale s’avère nécessaire quand au moins deux réponses positives sont données sur ces 5 questions :
- Vous faites-vous vomir lorsque vous avez une sensation de trop plein ?
- Etes-vous inquiet d’avoir perdu le contrôle des quantités que vous mangez ?
- Avez-vous récemment perdu plus de 6 kg en moins de 3 mois ?
- Vous trouvez-vous gros alors même que les autres disent que vous êtes trop mince ?
- Diriez-vous que la nourriture domine votre vie ?
(Version française du questionnaire SCOFF-F)
PROFESSIONNELS ¤
Depuis 4 ans, le SUPEA fait partie de la Fédération Méditerranéenne Anorexie Boulimie (Bouches du Rhône, Var et Alpes Maritimes) affiliée à la FFAB. Ainsi la FMAB propose une visioconférence le mercredi 2/06/2021 pour les professionnels sur le thème :
« TCA Enfant, Adolescent, Jeune Adulte : Quand s’inquiéter ? vers qui orienter ? » + Infos : +33 (0) 4 92 03 03 26
*SUPEA : Service Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent
FOCUS MEDICAL
Tous les soins, mis en place par le SUPEA ont été pensés et développés à partir d’une hypothèse originale :
les patient(e)s présenteraient une altération de la dimension hédonique mal intégrée ou effacée au cours de leur développement en lien avec des distorsions des cognitions sensorielles.
Ainsi dans une approche intégrative fondée sur les théories psychodynamiques, l’expérience clinique et l’apport des neurosciences nous avons développé un parcours de soins sensoriels.
Notre dispositif de prise en charge est constitué de différentes modalités de soins complémentaires : l’hospitalisation à temps plein (Unité de 7 lits) et les soins ambulatoires avec des consultations spécialisées, un CATTP (Centre d’Accueil Thérapeutique à Temps Partiel) devenu Hôpital de jour (6 places) et une Equipe mobile TCA.